DEGATS MIDCAT

Manifeste contre le projet de gazoduc transfrontalier MIDCAT

DEGATS MIDCAT

Manifeste contre le projet de gazoduc transfrontalier MIDCAT

version originale de 2018, actualisée en mars 2022

Le chantier d’implantation du gazoduc Midcat au sud de Girone (Catalogne) a provoqué des dégâts écologiques considérables et irréversibles

Le projet MIDCAT de connexion gazière entre la France et l’Espagne est portée par la Commission européenne qui l’a reconnu comme « projet d’intérêt commun » (PIC) depuis la création de cette liste prioritaire européenne, en 2013. Au moment de la concertation préalable en 2017, le Collectif contre le gazoduc transfrontalier de l’Aude et des Pyrénées Orientales qui fédère plus de 30 associations et organisations s’est constitué.


Ce collectif s’oppose à la réalisation du gazoduc MIDCAT, projet onéreux, inutile et désastreux pour l’environnement et le climat. La réalisation de cette infrastructure gazière contribuerait à l’échec des engagements climatiques de l’Europe. Le Collectif a agit en cohérence et coopération avec le Collectif Resposta al MidCat, de Catalogne Sud en Espagne.


Devant la mobilisation soulevée par ce projet et pour en justifier l’inscription dans cette liste, la DG Energy de la Commission européenne a fait réaliser en novembre 2017 une étude indépendante coût-bénéfice par le cabinet finlandais de consultant indépendant Pöyry. La première version de cette étude a été diffusée aux parties prenantes le 26/05/2016, soit deux ans après l’attribution du statut PIC au projet, et n’a été rendue publique que le 17 Avril 2018, par l’intermédiaire d’une fuite mise à jour par l’Agence Reuters.


C’est sous la pression médiatique que les conclusions de ce rapport, financé par le budget de l’UE, ont été publiées. Ces conclusions ont remis radicalement en cause la pertinence du statut PIC du projet MIDCAT. Elles ont d’ailleurs été largement reprises par les régulateurs de l’énergie français et espagnol, pour rejeter la demande d’investissement des promoteurs du projet par un vote négatif du parlement européen en janvier 2020.


Les promoteurs de ce projet saisissent aujourd’hui l’opportunité des tensions géopolitiques et la guerre en Ukraine pour en relancer sa réalisation en l’habillant d’un nouvel objectif visant à s’affranchir de la dépendance au gaz Russe tout en augmentant la dépendance de l’Europe au gaz de schiste américain.


Pourtant, notre dépendance aux énergies fossiles peut conduire au chaos climatique source de famines, de conflits et de millions de réfugiés. 


C’est un risque majeur pour l’humanité. Pour faire face au conflit Russo-Ukrainien et au problème d’approvisionnement qui en résulte, l’Europe semble privilégier la réalisation d’infrastructures énergétiques fossiles, la France dans son plan de résilience soutiendrait alors les grandes entreprises à l’empreinte carbone conséquente, sans conditionnalités.


Pour sauver le climat et construire la paix, une seule issue viable : la sortie des énergies fossiles !


Comme l’a rappelé le GIEC en mars 2022 et l’ONU dans son dernier rapport de mai 2022, l’enjeu prioritaire et urgent aujourd’hui porte sur les mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique et le changement de notre modèle énergétique dépendant des énergies fossiles.


Dans ce contexte, les signataires du manifeste contre le gazoduc transfrontalier s’insurgent une nouvelle fois contre ce projet et exigent que l’urgence climatique, qui constitue l’enjeu majeur pour la planète, soit la priorité des politiques publiques.


C’est pourquoi nous demandons à nouveau:


  • Un abandon clair et définitif de ce projet MIDCAT,

  • La mise en œuvre urgente de mesures de sobriété énergétique dans le respect de la justice sociale,

  • Un déploiement intensif des énergies renouvelables sur le territoire pour rattraper notre retard, avec des productions d’énergies renouvelables au plus près des consommations dans chaque territoire,

  • L’arrêt des financements publics aux énergies fossiles,

  • L’arrêt de toute nouvelle construction d’infrastructure pour les énergies fossiles,

  • Que notre territoire ne soit pas un lieu de transit pour les énergies fossiles,

  • Des investissements européens alloués au strict développement des énergies renouvelables  et aux mesures d’efficacité énergétique notamment en financement la mise à niveau des passoires thermiques dans le court terme.


Les signataires du manifeste réfutent les arguments des porteurs du projet d’interconnexion :


  • La nécessité d’une sécurisation des approvisionnements en gaz en Europe n’est pas démontrée : la commission de régulation de l’énergie (CRE) a souligné la surcapacité existante sur le marché du gaz, qui sera grandissante si des mesures actives de sobriété sont activées.
  •  Les délais de réalisation de l’infrastructure sont incompatibles avec l’objectif recherché de sécurisation à court terme des approvisionnements et d’arrêt des importations de gaz Russe.
  • La réalisation du projet MIDCAT suppose une connexion avec le projet ERIDAN dans la vallée du Rhône : le transport de volumes important de gaz suppose en effet aussi un renforcement des infrastructures du projet ERIDAN. Or, le parcours de ce projet a été annulé par le tribunal administratif du fait de sa dangerosité (sismique, nucléaire, densité de population).

et alertent sur les conséquences préjudiciables d’un tel projet  pour le territoire :


Les impacts environnementaux et la sécurité des biens et des personnes ne peuvent être ignorés.


– Désastre écologique pour l’environnement  :


  • Sur un couloir de passage de 30 m de large et de 120 km de long (côté français), une double canalisation enterrée fracturera les terres agricoles, les zones naturelles, dont la forêt de chênes liège du massif des Albères ce qui laissera une cicatrice indélébile dans les paysages.
  • Les désordres engendrés sur l’écoulement des eaux dans un pays déjà en stress hydrique, porterait un coût fatal aux exploitations agricoles, et risque de porter préjudice à l’approvisionnement des besoins en eau des populations.
  • De plus, la réalisation de cette infrastructure menacerait les espaces naturels traversés, la continuité écologique et les espèces endémiques préservées.

Risques naturels :


La zone traversée des Albères et du Vallespir dans les Pyrénées Orientales est une zone à haut risque incendie, mais aussi au risque sismique avéré et est répertoriée pour le risque relatif aux mouvements de terrain. 


Le risque létal reconnu en sera amplifié par la traversée de cette zone. La traversée des Albères sur le tracé envisagé est un couloir pentu descendant sur la vallée, laissant peu de marges pour limiter les risques d’érosion et d’accidents létaux.


 – Atteinte grave à l’économie locale :


La traversée de la forêt de chênes lièges et des espaces agricoles aurait des conséquences irréversibles sur l’exploitation agricole, les paysages et le tourisme.

L’urgence climatique nous impose de sortir au plus vite des énergies fossiles, alors que le projet MIDCAT et toutes les nouvelles infrastructures gazières envisagées en Europe nous enfermeraient dans un avenir fossile pour des décennies au risque d’accentuer les bouleversements climatiques intolérables à la vie de l’humanité.

Le gazoduc MIDCAT, un désastre écologique

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *